Auteur : Sandrine Henry, praticienne de santé publique pour REINFOSANTÉ
Date : 1/12/21
Temps de lecture : 17 minutes
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Soutenir son système immunitaire à écouter

Évidemment, le but de cet article n’est pas de faire un cours d’anatomie ni de physiologie, mais de comprendre de manière simplifiée le rôle et la localisation du système immunitaire, et ainsi mieux comprendre ce qui l’impacte et comment on peut le soutenir.

Notre corps, une merveilleuse machine !

Notre corps est une merveilleuse machine, autonome la plupart du temps (heureusement !) et résiliente. Il a tout un arsenal de systèmes pour le maintenir en bonne santé, chacun ayant des fonctions et rôles particuliers, et la plupart travaillant donc de manière autonome. Et, en effet, heureusement, car s’il fallait par exemple se souvenir de respirer toutes les 5 secondes, de libérer de l’insuline (après avoir donné l’ordre d’en fabriquer) pour gérer le sucre que l’on vient d’absorber ou bien encore, d’envoyer des messages neuronaux à chaque muscle que l’on doit stimuler pour ne serait-ce que sourire, on serait dans la panade ! D’une part, on ne ferait plus que ça et, d’autre part, compte-tenu du nombre incalculable de fonctions (vitales pour la plupart) que notre organisme gère simultanément à chaque instant, on serait sûr d’en louper quelques-unes !

Cette orchestration parfaite et merveilleuse est tellement bien rodée et en général si efficace, que ça finit par se retourner contre elle, car nous oublions que pour fonctionner correctement, de manière optimum, tous ces systèmes ont des besoins que nous avons tendance à négliger, à oublier ou même carrément à ignorer, tellement nous sommes devenus dépendants de cette résilience, que nous prenons pour acquis. Jusqu’au jour où il y a un os et qu’une pathologie vienne nous rappeler à l’ordre…

Le système immunitaire n’est pas mieux loti que les autres et il est souvent malmené par de mauvaises habitudes ou simplement par l’ignorance de son fonctionnement et de ses besoins. Et pourtant, il est comme les autres, vital pour notre bonne santé ! Et surtout au moment des périodes de risques infectieux, car c’est là qu’il est le plus sollicité. 

Rôle du système immunitaire : toute une armée pour défendre notre intégrité !

Le rôle de notre système immunitaire est d’assurer la défense de l’organisme contre les attaques externes et internes : éléments antigènes (virus, bactéries, moisissures, parasites, corps étrangers, éléments toxiques, pollution, cellules cancéreuses…), mais aussi les lésions (portes ouvertes sur l’environnement fermé, protégé de notre organisme). 

La notion d’antigène fait référence à toute substance étrangère à l’organisme, capable de déclencher une réponse immunitaire visant à l’éliminer. 

Le système immunitaire s’organise autour de « frontières » et de « barrages » pour protéger l’intégrité de notre corps et il combat les ennemis qui s’en prennent à cette dernière. 

Les agents au service de cette armée se regroupent dans deux catégories : 

Les cellules sanguines :  

  • Les lymphocytes. Ils s’attaquent directement aux cellules infectées pour les détruire et créer des anticorps. C’est ce qu’on appelle l’immunité adaptative qui demande de 5 à 7 jours pour apprendre à reconnaître la cible à éliminer et le profil de l’ennemi qui sera gardé en mémoire, pour être plus efficace contre de nouvelles attaques. 
  • Les macrophages, qui absorbent et détruisent bactéries, virus, champignons, débris cellulaires… 

La « flore » commensale*. C’est ce qu’on appelle aussi le microbiote, qui est un ensemble de micro-organismes, tels que bactéries, virus, parasites, champignons non pathogènes, que l’on va retrouver dans différentes parties du corps, comme par exemple les intestins (flore intestinale). 

* Le terme « commensal » qualifie la relation d’un micro-organisme qui vit normalement en contact étroit avec un animal ou un être humain sans lui causer de tort. 

Localisation du système immunitaire 

Au niveau des « frontières » de notre corps, qui protège donc le territoire (notre corps) qui est un milieu stérile : 

  • La peau. C’est un milieu hostile aux microbes car sa surface est légèrement acide et sèche. Et il s’y trouve une flore importante (surtout des bactéries), jusqu’à 1 million de bactéries par cm² ! Ce microbiote se nourrit de sébum [= sécrétion grasse produite par les glandes sébacées et dont le rôle est de protéger la peau] et de cellules mortes. 
  • Les voies (respiratoires) aériennes supérieures : bouche, nez, gorge, etc., qui hébergent une « flore commensale respiratoire ». 
  • Le vagin pour ces dames, avec sa flore commensale génitale, au niveau des muqueuses génitales. 

Dans le corps, en milieu stérile : 

Trois grandes familles (ou corps d’armée pour garder l’image militaire utilisée jusque-là) abritent, génèrent et/ou servent de lieux d’opération aux cellules de notre système immunitaire. 

L’intestin grêle et le côlon. Ils abritent une flore intestinale de 1.000 à 100.000 milliards de micro-organismes, qui participent aussi à la digestion et au bon fonctionnement du système digestif. 

Des organes de prolifération, fabrication… des lymphocytes et des macrophages : 

  • La moelle osseuse rouge,   
  • Les amygdales (situées au fond de la bouche),   
  • Le thymus, également appelé « glande du bonheur », (situé grosso modo en-dessous de la jonction des clavicules, entre les 2 poumons), 
  • La rate (siège de prolifération des lymphocytes, elle filtre les débris cellulaires, les virus, les toxines, les corps étrangers, de façon générale)   
  • Les plaques de Peyer, qui se situent dans l’intestin grêle, hébergent des lymphocytes et des macrophages. 

Un système circulatoire « d’égout » : notre système lymphatique, qui est jalonné de « stations d’épuration » (les ganglions) tout au long de son parcours. (Lire l’article « Santé des anciens N° 2 : Le mouvement, c’est la vie ! »

Soutenir son système immunitaire  

Le système immunitaire peut être affaibli ou moins efficace à cause d’un terrain pathologique déjà en place, mais aussi par des « conditions de travail » (nos comportements et habitudes) qui ne lui permettent pas d’être au taquet !  

Voici donc quelques pistes de ce qui a un impact sur notre organisme et qui peut empêcher / gêner / fatiguer notre corps pour faire son travail dans de bonnes conditions.

Général  

  • Sommeil. Il doit être suffisant en quantité (en fonction de ses besoins) et en qualité. Pour cela, il faudrait se coucher :   
    • entre 22 et 23 heures pour respecter notre horloge biologique, 
    • 2 heures après les écrans (télé, ordinateur, tablette, téléphone…) et le repas (qui doit être léger).
  • Activité physique (modérée et adéquate)  
  • Stress (qui dépend déjà aussi de la qualité de sommeil, de l’alimentation et de l’activité physique) : éviter, limiter ce qui est anxiogène, apprendre à gérer le stress, prendre du temps pour soi, faire des soins…
    • Le stress amenuise le système immunitaire et un mauvais système immunitaire favorise le stress ! 
  • Recentrage sur soi, développement personnel, méditation (reconnue pour améliorer les performances du système immunitaire), gestion de ses émotions…  
  • Se rapprocher du naturel et de la nature : s’éloigner des perturbations électroniques (ondes), se ressourcer dans la nature…  

Local 

  • Hygiène corporelle. Attention aux produits antibactériens, chimiques et à l’hygiène excessive ! On l’a vu, nous avons des bactéries un peu partout qui contribuent à notre bonne santé. Les produits antibactériens ne font pas forcément le tri entre les « bonnes » et les « mauvaises » bactéries. Quant aux produits chimiques (y compris certains des produits d’hygiène / beauté vendus dans le commerce), ils sont évidemment nocifs pour tous ces micro-organismes vivants. De la même manière, une hygiène excessive risque d’affaiblir toute cette petite armée à notre service. 

Au-delà même du fait de s’en prendre à nos bonnes bactéries, toutes ces mauvaises habitudes finissent par empêcher des agents antigènes d’être confrontés à notre système immunitaire. Or, on l’a vu, ce dernier garde en mémoire le profil de l’ennemi qu’il a combattu, renforçant ainsi sa banque de données et ses capacités à réagir lors d’une prochaine attaque. 

  • Qualité de ce que l’on respire : pollution, cigarette… On n’a pas toujours le choix de ce que l’on respire, mais lorsque c’est possible, il est important de rester éloigné de tous les produits qui peuvent être toxiques pour notre organisme. Les masques en ce sens, ça peut être bien. Mais attention ! Evitez d’en porter tant que vous pouvez, car, une fois de plus, il est important que votre système immunitaire soit au contact des « miasmes » environnants pour rester au taquet et enrichir sa banque de données. Et nous avons aussi besoin de respirer de l’air libre, pas celui de nos expirations qui va finir par se confiner dans ce petit espace réduit devant nos nez et bouche. 

Pensez donc aussi à aérer vos pièces : pour renouveler l’air pollué, confiné…  

  • Système lymphatique. Nous l’avons vu dans le N°2 de « Santé des anciens », ce système d’égout / épuration, support d’une partie du système immunitaire, n’a pas de pompe ! Il est donc important de le stimuler par le mouvement et aussi des massages. 
  • Alimentation 

Vaste sujet qui mériterait un article à lui tout seul ! Donc pour aujourd’hui, juste une petite série de conseils sans trop d’explications. 

Il est utile de savoir que près de 70% des cellules du système immunitaire se trouvent dans le tube digestif ! Sachant cela, on comprend l’importance du rôle et même l’impact de l’alimentation sur notre immunité. 

  • Ne pas boire trop froid (choc thermique sur gorge, fragilisation…). Température ambiante, et même tiède sont idéales ! 
  • Pendant que le système digestif est occupé à traiter, filtrer, digérer des choses inutiles (même si elles ne sont pas nocives), il se fatigue et est moins présent pour le reste. Attention donc aux produits qui ralentissent, compliquent le travail du système digestif et/ou l’embourbent :  
  • Produits raffinés (sucre, sel, farine blancs)  
    • Surtout le sucre blanc : en plus d’être un aliment mort, qui donc fatigue notre système digestif pour rien, il nourrit la mauvaise flore intestinale. 
    • Les différents glutens  
    • Les produits laitiers (surtout de vache) 
    • Le mauvais gras (acides gras saturés, trans…)
    • Les produits trop transformés (regarder les étiquettes pour les ingrédients chimiques)  
  • Alimentation saine et de saison. La nature est merveilleusement faite. Elle nous fournit ce dont nous avons besoin là où nous sommes au moment où nous en avons besoin. Respectons donc ses cycles et mangeons de saison ! 

Quelques compléments alimentaires   

Il en existe beaucoup qui peuvent soutenir notre système immunitaire, en préventif comme en curatif. Les plantes notamment sont une grande source de propriétés utiles à notre immunité, et la phytothérapie offre un grand nombre de produits intéressants. Nous pouvons en trouver sous toutes les formes : tisanes, huiles essentielles, macérats de bourgeons, gélules…  Il y a aussi les produits de la ruche qui sont également très intéressants. Bref, là encore, de quoi faire tout un article à part entière (et même plusieurs !).  

Devant tous les produits présents sur le marché du bien-être, il est important de se rapprocher d’un praticien pour savoir ce qui est le plus approprié pour chacun.

Aujourd’hui, arrêtons-nous quand même brièvement sur quatre produits, hors phytothérapie, auxquels on ne pense pas forcément, même si certains médecins et autres praticiens de médecines traditionnelles les ont beaucoup évoqués dans le cadre de l’épidémie de Covid-19 : 

  • La vitamine C. Elle aide à guérir les infections. Par le passé, elle a été utilisée en cas de tuberculose (elle améliore l’efficacité du traitement), de polio (traitée entre autres à la vitamine C), etc. Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : « L’acide ascorbique ou vitamine C intervient dans de grandes fonctions de l’organisme : défense contre les infections virales et bactériennes. »  
  • La vitamine D. Elle a de nombreux bienfaits et agit sur différents systèmes physiologiques (musculo-squelettique, nerveux, sanguin, hormonal, cardiovasculaire et immunitaire). Véritable soleil intérieur, elle stimule le système immunitaire, favorise le maintien de la santé mentale et participe à la lutte contre la dépression et les états de fatigue. Ces derniers ayant un impact négatif sur le système immunitaire, c’est donc un cercle vertueux que la vitamine D instaure. Et c’est aussi un puissant antiviral ! 
  • Le zinc liquide. En préventif, il stimule le système immunitaire. Antiviral puissant, en curatif, en tout début d’infection, et tant que le virus est encore dans les voies aériennes supérieures, il peut entrer dans l’ADN du virus pour le tuer. Pour cela, il suffit de garder le contenu d’un tube de compte-goutte dans la bouche pendant 1 minute avant d’avaler.  
  • L’argent colloïdal. Antiviral et antibactérien (en préventif et curatif) très efficace, il est malheureusement interdit depuis récemment en France en usage interne…

À Retenir

  • Le système immunitaire est une armée entière au service de notre santé et de l’intégrité de notre organisme.
  • Gardien des frontières et même du territoire intérieur, le système immunitaire est présent partout ! 
  • Des bonnes habitudes d’hygiène de vie (sommeil, activité physique, hydratation, gestion du stress, hygiène corporelle, alimentation…) contribuent au maintien d’un bon système immunitaire.
  • Des compléments alimentaires sont efficaces pour soutenir notre immunité, en préventif comme en curatif.